La série Metropolis propose au regard comme à la vente, des tirages argentiques et piezographiques réalisés au moyen du sténopé. Ce procédé optique minimaliste qui s’apparente à celui de la chambre noire, nous relie étroitement aux origines de la photographie et montre, s’il était nécessaire, à quel point l’oeuvre photographique est la résultante du travail d’interprétation de son auteur.
Comme le suggère le titre de l’exposition « Metropolis », il n’est bien évidemment pas ici question d’une démarche documentaire mais au contraire d’une approche guidée par une quête d’esthétique. Contrairement au film éponyme, Christian Poncet propose une vision à la fois utopique et onirique de l’espace urbain. Lire la suite
Entre réalité et fiction, les oeuvres photographiques présentées donnent à voir des paysages architecturaux sublimés, au sein desquels évoluent des silhouettes humaines qui, bien que figurant le mouvement, semblent étrangement statiques. Instants suspendus dans une temporalité aux frontières diffuses, les photos de Christian Poncet manient avec subtilité les contraires, opposant ainsi le mouvement à l’immobilité, le présent au passé, l’ombre à la lumière. Fruit d’une mise en scène méticuleuse, ces photos, souvent énigmatiques, incitent le spectateur à s’interroger sur le sens de la « réalité » qui lui est donnée à voir.
Dans la Grèce antique « Polis » désignait la Cité-état, une communauté constituée de citoyens libres et autonomes, une structure humaine et sociale qui implique que sans communauté humaine il ne peut y avoir d’état. Au travers de la série « Metropolis » Christian Poncet joue la carte de l’ambiguïté dans le rapport qui unit l’humain à la Cité. Lire la suite
Lequel des deux justifie la présence de l’autre ? Face à la dimension immuable des structures de béton aux formes tranchées par les “ombres solaires”, les figures du vivant ne semblent finalement présentes que pour induire une notion d’échelle. Le citoyen n’est plus la justification des lieux qui l’abritent mais leur faire-valoir.
Paradoxalement, pour Christian Poncet la situation géographique n’a en soi pas non plus d’importance. Peu importe que les photos aient été prises dans le campus de La Doua à Lyon, à Montpellier ou ailleurs ! Loin des images de carte postale, ce qui compte avant tout c’est la singularité du lieu, ses lignes de force, la structuration des différents plans qui le constituent. Dans ces compositions urbaines d’une ineffable sobriété où se diluent les unités de temps, de lieu et d’action, la présence des silhouettes humaines fait, qu’à l’instar du film, chaque photo devient mémoire du monde… mais lequel ?
Pour la petite histoire, c’est sous l’influence d’un ami photographe plasticien que Christian Poncet a décidé d’ajouter le sténopé à sa palette d’outils photographiques. S’il s’est concentré au début sur la photo de paysages (Lac 1, 2, 3; Plage; Surface d’eau…) pour des raisons évidentes de praticité technique, eu égard au long temps de pose qu’exige le sténopé, il n’en a pas pour autant oublié son amour premier pour la photo de rue. Aussi est-ce tout naturellement que Christian Poncet a mis au point une technique personnelle lui permettant d’allier le sténopé et la photo urbaine. C‘est lors d’une exposition collective à la galerie Domus que Christian Poncet découvre véritablement la singularité architecturale du Campus Universitaire de La Doua, il en fera naturellement l’un de ses nombreux terrains d’expression photographique. On entend souvent dire qu’en photo tout a déjà été inventé, la série « Metropolis » qui sera présentée du 6 janvier au 13 mars 2021 à la Galerie NörKa prouve le contraire, Christian Poncet réalise cette gageure de produire des oeuvres photographiques contemporaines d’une infinie subtilité avec un appareil qui, s’il est redevenu un temps à la mode, n’en reste pas moins archaïque dans sa conception.
© Rédaction & conception : Alexis TOURN pour la Galerie NörKa